[ARTICLE] Killis, qu'est ce que c'est ?

Depuis quelques temps et avec la popularisation des nanos aquariums, on entend de plus en plus parler de killis car “ce sont des poissons qui se contentent de peu d’eau”
La phrase classique est la suivante : “dans un 20 litres à part un betta, des crevettes ou des killis, tu ne peux pas mettre grand chose !”
Le seule problème c’est que cette affirmation reste très vague est est en partie fausse. Vague car le terme killis est un mot générique pour parler d’espèces n’appartenant pas forcément à la même famille génétique mais partageant des traits communs dans leur comportement et leur mode de vie. On compte à l’heure actuelle plus de 800 espèces décrites, sans compter celle qui l’ont été mais n’ont pas encore été décrites officiellement et il en reste encore beaucoup qui n’ont pas été découvertes.
Et fausse car, bien que certaines espèces puissent être maintenues dans des petits volumes, ce n’est pas le cas de toutes : essayez donc de maintenir un poisson de près de 20 cm dans un 20 litres cubique d’à peine 25 cm de large.

C’est quoi un killi ?

Le mot vient du hollandais kil (ou kill) qui désigne un “petit ruisseau” ou un “petit court d’eau” de manière plus globale.
Les colons Hollandais qui ont fondés certaines colonies sur la côte Est des Etats Unis (dont la plus connue correspond actuellement à l'île de Manhattan) nommaient killi les petits poissons habitants ces cours d’eau et en présentant aucun intérêt pendant la pêche. Vient ensuite le terme Killifishs une fois les colonies devenues Anglophones et le terme est resté.


Aujourd’hui, le terme désigne les poissons appartenant à l’ensemble des Cyprinodontes (comme le guppy) mais n’étant pas ovovivipares (pas comme le guppy). Les aquariophiles qui maintiennent des killis et les reproduisent sont appelés killiphiles.

Malgré cela, la plupart des espèces de killis qu’on retrouve dans nos aquarium appartient à une seul famille : les nothobranchiidae. Et c’est sur cette famille uniquement que vas se concentrer cet article car 90% des killiphiles débutants accèderont au monde des killis via une espèce de cette famille.

Pourquoi des killis en nano ?

La plupart des espèces de killis font, à l’âge adulte, entre 4 et 10 cm. Alors pourquoi sont ils adaptés à une maintenance en nano aquarium alors que d’autres poissons de même taille nécessitent parfois plusieurs centaines de litres pour se sentir à l’aise.
C’est en lien avec leur comportement : les killis ne sont pas des espèces de banc qui ont besoin de la présence de nombreux congénère pour se sentir à l’aise. Ils peuvent généralement être maintenus en couple ou en trio seulement. Ce ne sont pas non plus de grand nageurs : bien qu’ils soient de formidables chasseurs, leur méthode tient plus à attendre leur proie pour l’attraper grâce à une attaque rapide qu’une traque à la recherche d’une cible potentielle. Ils passent le plus clair de leur temps immobiles à attendre dans la végétation.

Ce comportement est adapté à leurs lieux de pêche qui sont souvent des points d’eau stagnantes qui ne sont pas forcément reliées à une réseau fluvial mis à part lors de crues importantes.

Pourquoi “je souhaite mettre des killis dans mon aquarium” n’est pas une phrase que les killiphiles aiment lire ?

Se décider à accueillir des killis, c’est comme décider de maintenir “un poisson qui vit dans de l’eau douce”. Le travail de recherche qui doit normalement être fait avant l’acquisition d’une espèce n’a pas été réalisé. Et la plupart des killis ont des besoins un peu particuliers comparés à d’autres espèces donc la documentation, même pour des aquariophiles confirmés, n’est pas obsolète.
Donc avant de débarquer sur un forum ou un groupe facebook pour poster un message plein de couleur et de paillettes en demandant si quelqu’un a des killis de disponibles, renseignez vous sur les espèces possibles en aquarium et sélectionnez celles qui vous plaisent et sont compatibles avec votre projet !

C’est quoi un killi annuel ?

Parfois, dans le monde des killis, on entend parler d’espèces annuelles, semi-annuelles ou non-annuelles. Ca ne signifie pas que certaines espèces sont soumises à une période de reproduction comme beaucoup d’autres espèces : les killis sont capables de pondre tout au long de l’année.
Il s’agit en réalité d’un mécanisme adaptatif développé par certaines espèces qui vivent dans des milieux défavorables à certaines époques de l’année. J’entend par défavorables que, pour les espèces annuelles et certaines semi-annuelles, leur point d’eau type sont dépourvus d’eau à la saison sèche, ne laissant qu’une couche de substrat humide dans le fond.
Les oeufs de ces poissons ont donc développés la capacité de pouvoir se développer dans un milieu émergé du moment qu’il y règne une humidité suffisante et d’entrer en diapause une fois le développement embryonnaire arrivé à terme si le point d’eau est toujours asséché. Ils éclosent ensuite aux premières pluies, lorsque les mares recommencent à se remplir.
Le côté pervers de la chose, c’est que certaines espèces ont tellement pris l’habitude de ce mode de diffusion que l'assèchement des oeufs semble être une nécessité pour espérer obtenir une éclosion.  Ces espèces sont appelées espèces annuels.
Les espèces annuels ont toutes un croissance très rapide (ce qui induit une espérance de vie très courte) et c’est normal : elles doivent être capables de se reproduire avant la prochaine saison sèche.
Pour les espèces semi-annuels, il est possible de laisser les oeufs en pleine eau, mais le temps d’incubation sera alors plus long et le risque de moisissure avant éclosion plus important.

Pourquoi mon killi est fourni avec un numéro de sécu ?

Il ne s’agit bien évidemment pas d’un numéro de sécurité social mais d’un code d’identification de la population dont est issue l’individu. En effet, comme les killis vivent souvent dans des points d’eau isolés, il est courant que des groupes se développent indépendamment du reste de l’espèce et présentent une génétique suffisamment différente pour e^te préservée mais pas assez pour qu’on parle de nouvelle espèce. On parle alors de population, plutôt que de “sous-espèce”.
Pour garder la génétique de ces populations “pures”, on les identifie avec un code qui correspond aux personnes qui l’ont pêchées ainsi que l’année et le lieu de récolte. Et les killiphiles ont pour vocation de ne jamais mélanger deux populations différentes d’une même espèce.
Ce numéro d’identification est similaire aux code qu’on peut allouer à certains hypancistrus ou apistogramma découverts récemment et qui attendent une description pour être rattachés à une branche phylogénétique précise.

Cette classification devient de plus en plus importante car, avec l’urbanisation de certains pays (notamment dans les pays entourant le golf de Guinée riches en killis), certains habitats typiques des killis disparaissent, et il est fort probable que certaines populations ne subsistent plus que dans les aquarium de certains passionnés.

J’ai vu qu’on pouvait élever des killis sans filtre. C’est vrai ?

Oui, comme pour presque toutes les espèces si on respect certains principes. Mais il est vrai que les killis, de part leur mode de vie (points d’eau stagnantes créés par les pluies et souvent pauvres en oxygène) sont particulièrement adaptés à un bac sans filtre.
Cependant, une tel maintenance ne peut se faire sans quelques contraintes et on reste loin du poisson rouge dans son bocal, trônant sur le buffet de la cuisine.
La clé de la réussite d’un tel bac passe souvent par des changements d’eau importants et fréquents avec une eau de qualité. C’est donc à réserver à de petits volumes.

Quelles sont les spécificité relatives à l’élevage de killis ?

La première chose à savoir, c’est qu’il est pratiquement impossible (et totalement déconseillé) de nourrir des killis en n’utilisant exclusivement que des nourritures sèches. Certaines espèces n'acceptent même pas la nourriture congelée et devra être nourrie exclusivement avec de la nourriture vivante adaptée.
Donc avant de se lancer, il faut aussi se renseigner sur les différents élevages de nourritures vivantes faciles à maintenir et de taille adaptée à la bouches des poissons de façon à proposer une nourriture variée dès l’acquisition des poissons

Les killis sont des poissons capables de bonds impressionnants et ils n’hésitent pas à bondir hors de l’eau en cas de danger ou si le point d’eau dans lequel il se trouve ne leurs convient plus. Un bac avec un couvercle complet est impératif, car les poissons profiteront de la moindre ouverture de quelques millimètres pour tenter de s’échapper.

La plupart des killis n’aiment pas les lumières vives : donc un bac adapté devra présenter une faible luminosité ou une couverture végétale de surface (plantes flottantes) suffisante pour tamiser l’éclairage. Les plantes de surface présentant de longues racines, en plus de tamiser la lumière, pourra servire de support de pontes et de refuge pour les alevins et la microfaune.

Les killis apprécient une eau très propre : les changements d’eau réguliers avec une eau de qualité permettent de garder les poissons en bonne santé et fertiles. A tel point que certains killiphiles ne s'embêtent pas à filtrer leurs bacs et se contentent de gros changements d’eau en siphonnant le sol pour gérer la pollution.

Outre les différentes populations, beaucoup d’espèces sont hybridables entre elles : il est donc de coutume de maintenir une population par bac et, étant donné la taille des bacs dans lesquels ils sont généralement conservés, cela signifie un bac spécifique.

Quelles sont les espèces conseillées aux débutants ?

Voici quelques espèces souvent conseillées aux débutants classées par familles. il n’y a aucune espèce annuel dans la liste du fait du mode de reproduction et de la courte durée de vie de ce type de poissons, mais certaines espèces ne semblent pas forcément plus dures à maintenir que celles sur la liste.

Aphyosemions :
- Striatum
- Australe

Epiplatys :
- Dageti

Fundulopanchax :
- Scheeli
- Nigerianus
- Gardneri

Scriptaphyosemion :

- Schmitti

Aphanius :
- Mento (possibles aussi pour un bassin ou un poubellarium)

La maintenance et la reproduction des killis est tellement spécifique, que la plupart des pays possèdent leur propre association d’aquariophilie dédiée aux killis et à leur diffusion. Ces associations sont en relations et c’est grâce à ça qu’est née la classification qui est utilisée au niveau international.
En France, cette association s’appel le Killi Club de France (KCF), et possède un site auquel est lié un Forum : https://www.killiclubdefrance.org/ qui vous permettra d’approfondir vos connaissances sur une espèces et peut être de rencontrer un éleveur prêt à vous fournir vos premiers killis.

Voilà, la parole est à vous si vous avez d'autres questions ou besoins de certaines précisions

Super! complet!

Espèce peut connu pour moi merci

Je t'aime kracmak ,tu es l'élite du fofo

Wow c'est un gros article je le lirai ce soir tranquillement ça s'annonce prometteur 

Bravo ! Super bien fait et très intérressant. 

Par contre, tu ne conseilles pas les Pseudepiplatys annulatus aux débutants ?

Ancistrus a écrit:
Par contre, tu ne conseilles pas les Pseudepiplatys annulatus aux débutants ?

Non. ça t'étonnes ?
Avec toutes les contraintes particulières qu'imposent sa maintenance et sa reproduction. Les espèces indiqués font partis de celles qui peuvent souvent se passer d'une eau très douce et s'adaptent plus facilement à un aquarium plus conventionnel avec un sol, un filtre et un KH positif.

Merci Mak, super article

Merci pour cette superbe fiche elle est super complète bien rédigé et organisé excellent  

Kracmak a écrit:

Ancistrus a écrit:
Par contre, tu ne conseilles pas les Pseudepiplatys annulatus aux débutants ?

Non. ça t'étonnes ?
Avec toutes les contraintes particulières qu'imposent sa maintenance et sa reproduction. Les espèces indiqués font partis de celles qui peuvent souvent se passer d'une eau très douce et s'adaptent plus facilement à un aquarium plus conventionnel avec un sol, un filtre et un KH positif.

Non ça ne m'étonne pas forcément, en fait, je voulais surtout savoir pour quelles raisons ça ne pourrait pas convenir afin de ne pas en conseiller à la volée lorsque quelqu'un arrivera avec un 10 ou 15L. Je suis fixé maintenant ! 

D'ailleurs, je ne sais pas si tu as vu dans le n) de l'Aqaurium à la maison de Janv-Fév 2020, où il y a une crevette en couverture, il y a des pages dédiées à la maintenance du killi clown. Et j'ai même cru reconnaître le bac et les parpaings d'AquaZen. As-tu lu cet article ? Il ne m'avait pas l'air trop mal...
Parce que des fois dans ce magazine ils sont un peu limite sur la maintenance de certains poissons.

Excellent article, chapeau !
Apres faut pas oublier la vocation de l article qui est la reponse a quel autre poisson qu un betta mettre dans un 20 litres. Et c est la réponse parfaite. Le killi clown c est plus pointu que ca c est clair!

Aquamag sont plus serieux dans leurs articles

Je ne suis pas abonné à cette revue.
Par contre, j'ai accès à la banque d'articles du KCF et plusieurs concernent l'Annulatus (ils n'aiment pas trop le terme de killi clown). Donc les infos, je les prend plutôt là bas.

Moi non plus, Epiplatys annulatus, c'est plus beau mais je m'emmêle dans les lettres. Je vais faire des efforts ! Je ne voudrais pas me mettre des Pseudepiplatysannulatusphiles à dos !

tu peux dire nunules si tu veux

Ancistrus a écrit:Moi non plus, Epiplatys annulatus, c'est plus beau mais je m'emmêle dans les lettres. Je vais faire des efforts ! Je ne voudrais pas me mettre des Pseudepiplatysannulatusphiles à dos !

Bien que j'en sois un aussi d'ailleurs; je te remercie de m'avoir mis sur la voie pour les connaître davantage et en avoir, ils me passionnent, ce sont mes préférés (ils ont maintenant 60% d'eau osmosée, je vais augmenter petit à petit) et même s'ils ne sont pas maintenus dans les conditions les plus idéales avec un sol technique, ils ont l'air plutôt heureux, ,me reconnaissent parce que quand je viens les voirs, ils savent qu'ils ont potentiellement une chance de récupérer un truc à manger, et n'ont pas l'appétit coupé !

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Nunules ça me plaît pas trop par contre

Si un jour tu peux avoir un peut de sol technique (pas besoin de changer tout le substrat), ça te permettrait de faire du 100 % eau osmosée sans t'inquiéter que les paramètres ne fassent le yoyo

Normalement ils sont assez stables, contrairement à ce qu'on pourrait croire. Ils sont quasiment identiques sur mes 3 bacs à quelque chose près (sauf pour le 160L qui a un pH et un GH assez bas). Mais je verrai quand même pour le sol technique.

J’imaginais pas autant de killies référencés ! 

Super article 

Lorsque je faisais partie du KCF en 2010, il y avait + de 850 répertoriées

Maguy a écrit:Lorsque je faisais partie du KCF en 2010, il y avait + de 850 répertoriées

Je ne sais pas de quand datent mes chiffres, mais quand on vois toutes les populations qui n'ont pas encore été décrites et restent sous appellation sp. il est claire qu'on est loin de la réalité

Rien que pour la famille des aphyosemions, on est pas loin des 100 espèces décrites.

j'ai gardé la liste de l'époque dont je parle